We're all prisoners of our minds

-Tu vas la fermer oui ?!
Et une gifle de plus. J'en avais plus qu'assez.
-Lâche moi John !
J'essayais tant bien que mal de me défaire des bras puissants de l'homme en face de moi. Mon mari. Et surtout, mon mac. Il avait à son service plusieurs prostituées, mais j'étais sa préférée. Pour m'avoir plus habilement sous son joug, il m'avait épousée. Moi, je m'étais laissé faire. De toute façon, je considérais que je ne méritais que cela. J'étais assez faible à cette époque, et je me considérais comme étant un simple corps sur lequel tout le monde pouvait passer. Mais c'était faux. J'étais plus que cela. Je m'en étais rendu compte la veille. J'avais rencontré un homme, différent. Il traînait souvent sur le trottoir sur lequel je piétinais en attendant de potentiels clients, mais il ne s'approchait jamais. Il avait l'air timide. Mes collègues et moi, on se foutait de lui, on le traitait de gamin, parce qu'il avait l'air d'avoir la trouille ! On le chauffait de loin, en sachant qu'il n'oserait pas venir. Alors, en le voyant à chaque fois partir, rouge écarlate, on éclatait de rire. Mais hier, ça avait était différent. Hier, John m'avait cassé la gueule sur le trottoir, parce que j'avais refusé de monter dans une voiture pleine de types. J'avais refusé, parce que je les sentais pas... Ils avaient l'air mauvais, et j'avais eu la trouille. J'avais assez connu de coups foireux pour ne pas y aller de moi même désormais ! Mais John m'avait vu refuser, et il était venu me gifler en prétendant que je faisais pas mon boulot. J'aurais bien voulu l'y voir, tiens... Et puis le petit timide était arrivé. Il me guettait. Il avait demandé si je voulais bien venir avec lui. Je savais qu'il faisait ça simplement pour me sauver des poings de John, et qu'il n'avait aucune idée derrière la tête. Alors je m'empressais de le suivre. Il m'emmena dans un parc, sur un banc, et avant que j'eus le temps de dire quoi que ce soit, il déroula son discours, précipitamment :

-Je... Je ne vous connais pas. Mais je vous vois tous les jours. Et... Je vous trouve incroyablement belle. Mais ça, on doit vous le dire tous les jours...

Non, on ne me le disait pas tous les jours. On me disait que j'étais bonne, que j'étais chaude, mais jamais que j'étais belle. C'était un compliment qui n'était pas adressé aux filles de mon genre. Après un rougissement intense, il reprit :

-Moi, je vous trouve belle. Et incroyablement élégante. Et, même si avec vos copines, vous passez votre temps à vous foutre de ma gueule, je sais que vous voulez sortir d'ici. Je vois dans votre regard que vous êtes intelligente, vous avez l'oeil qui pétille de malice. Et puis, je sais que vous rêvez d'un avenir différent. Moi, je veux vous aider. J'ai les moyens de vous sortir de ce trou. Laissez moi vous aider.
-Pourquoi vous faîtes ça ?
-Parce que je crois que je suis amoureux de vous. Et je vais mourir. Je veux savoir que la femme que j'aime fait ce qui lui plait, avant de partir.
C'était la première fois qu'on me parlait d'amour, la première fois qu'on me parlait de ma beauté, de mon avenir, de mes rêves. Je ne le connaissais pas, et il acceptait de m'embarquer avec lui. Parce qu'il était condamné et amoureux. J'acceptais sans hésiter. Et là, maintenant, je me faisais casser la gueule par John, parce qu'il avait bien fallu que je lui annonce ma décision de partir. J'avais demandé le divorce, et un taxi m'attendait en bas, qui m’emmènerait près de mon timide, du nom de Tim. Après quelques grognements et une dernière gifle, John me laissa partir. Il n'avait pas le choix, Tim attendait dans le taxi, et si je ne débarquais pas rapidement, il allait arriver et m'enlever. Je partis alors. J'avais retrouvé ce que j'étais. J'étais de nouveau fougueuse, courageuse, et j'avais retrouvé du respect pour moi même. J'allais enfin me retrouver. Car avant tout cela, j'étais la jeune fille incroyablement lumineuse et solaire que tout le monde connaissait. J'étais rieuse et souriante, j'envoyais tant de bonne humeur. J'allais travailler à redevenir cette fille, auprès de Tim. J'étais une fille de caractère, et je n'allais plus me laisser faire.

Alors oui, bien sur que j'étais jolie. Ce corps était bien évidemment avantageux pour le métier que j'exerçais avant, celui de prostituée. Les hommes préféraient généralement les corps bien faits. J'étais grande et fine, mais j'avais aussi des formes, une très jolie poitrine, des fesses petites et rondes, et un peu de hanche. Mes cheveux étaient long, d'un blond qui tiraillaient sur le foncé lors des journées nuageuses, mais qui brillaient au soleil d'été, lumineux et clairs comme le soleil. Ils m'arrivaient au milieu du dos, ondulant sur mes vêtements. J'avais cependant gardé l'allure assez vulgaire et pulpeuse que j'adoptais sur le trottoir, et c'est surtout cette attitude qui me valait des regards dévorants des personnes du sexe opposé. Je les attirait comme un aimant, personne ne résistait à ma plastique ni à mon visage. J'avais les yeux d'un bleu virant au vert à certaines occasions. Ils avaient parfois une couleur indéfinissable. Et j'avais surtout une bouche incroyablement pulpeuse, qui donnait à tous les hommes l'envie de la croquer.

Enfance : A cette époque, tout allait bien. Mes parents étaient auprès de moi. J'étais fille unique et choyée comme tout enfant mériterait de l'être. J'avais eu une enfance merveilleuse. Des bonnes notes, des amis présents. Tout pour être heureuse.

Adolescence : J'avais commencé à changer. Les garçons avaient remarqué mon corps, et je me faisais souvent de mauvaises fréquentations. Ça commençait à partir en live, même si mes notes étaient toujours bonnes.

Majorité et suite : Ça allait mieux. J'avais retrouvé des amis bons pour moi, et j'entreprenais des études de médecine. Mais, ayant envie plus que tout d'arriver dans le métier rapidement, je me rabattais sur le métier d'infirmière. Après trois ans d'études, et le concours dans ma poche, je devins infirmière. Mes parents étaient fiers de moi. Puis ils moururent... Dans un accident de voiture, stupidement. Et je me retrouvais seule. Désespérée et influençable, je tombais dans la débauche rapidement. Je n'allais plus au travail. Je commençais à me droguer et à boire. N'ayant rapidement plus un sou, je flânais dans les rues. Je me pensais détruite. John me trouva. Il voulait me convaincre de me prostituer pour lui, il disait m'aimer, et me faisait voir monts et merveilles. J'étais jeune, j'étais naïve, et carrément stupide, la tête bourrée de drogue. J'acceptais, et l'enfer commença. Je connus des hommes violents, des hommes sadiques. Je perdis tout respect pour mon corps, et même pour mon âme. John ne me promettait plus rien, et j'avais compris rapidement que je m'étais faite avoir. Je pensais que c'était trop tard, que j'étais trop faible pour m'en sortir. J'avais tort. Tim est arrivé, du jour au lendemain. Il m'a embarqué. Il m'a nourri, logé, m'a donné de l'argent. Je me suis remis à niveau médicalement, j'ai fais des stages dans des hôpitaux, je reprenais peu à peu goût au métier d'infirmière. Je trouvais des stages. Le reste du temps, je le passais avec Tim. Il est le seul garçon que j'ai jamais aimé. Il était tout ce dont j'avais besoin. Nous étions fous d'amour et de bonheur. Auprès de lui, j'ai retrouvé du respect pour mon corps. J'ai appris ce qu'était la sensualité, j'ai laissé de côté la brutalité. J'ai su ce que "faire l'amour" voulait dire : car auprès de lui, il m'était facile de livrer mon corps, puisqu'il y avait tant d'amour et de tendresse. Il m'a fait promettre de continuer à me battre et de plus jamais tombé dans la déchéance après sa mort. J'ai promis, et, arrivé au terme de sa grave maladie, il est partit au firmament. J'étais morte de chagrin, mais j'avais toujours la niack. Alors, je cherchais encore du boulot. Et je suis arrivée à Lost Freedom, persuadée que c'était le seul endroit qui m'accepterait. (mon passé de prostitué était assez connu) . J'allais me battre pour y entrer. Pour Tim.

Aujourd'hui : Maintenant, je travaillais sérieusement ici. J'aimais soigner les gens, même s'ils étaient des meurtriers, ou autres. Je connaissais le monde de la violence, et il ne m'intimidait pas. Au contraire, je savais y faire ma place. Et puis, j'avais de nombreux hommes à regarder ici... J'avais, malgré moi, gardé mon attitude coquine et j'aimais plaire aux garçons. Surtout que dans le nouvel univers dans lequel je paradais, le milieu carcéral, je n'étais pas obligé de plaire. Je ne devais pas faire cela pour vivre. Alors, cela devint un véritable plaisir. Lorsque j'en avais envie, je pouvais jouer les libertines, pour mon bon plaisir. J'aimais les hommes, j'aimais leurs corps, et j'aimais le sexe. Cela avait toujours été. Mais cette fois ci, j'avais le choix ! Je couchais si je le voulais, quand je le voulais. Ce n'était pas du tout le même aspect que lorsque je faisais le trottoir. Dans ces conditions, il n'y avait pas de plaisir. Tout n'était que force, violence et dégoût. Ici, tout était différent, et je goûtais au véritable plaisir charnel. J'avais toujours été fidèle auprès de Tim, il me suffisait amplement, et je l'aimais plus que ma vie. Mais, il m'avait fait jurer de profiter de la vie à son départ, et c'est ce que je faisais. J'en avais bavé, et je méritais ma part de bonheur. Qu'importe si elle venait du sexe . Oui, j'aimais ça et alors ? Cela ne faisait pas de moi une salope. Je savais ce que je valais, peu importais ce que mon entourage en pensait. J'espérais qu'un jour, je retrouverais un homme comme Tim, qui s'aurait m'aimer. En attendant, je me faisais plaisir. J'en avais bien le droit !

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